Un navire de sauvetage, commandé par le capitaine Murphy, retrouve, dérivant dans la mer de Bering, un paquebot de croisière disparu il y a quarante ans...
Le vaisseau de l'angoisse est le troisième film produit par la compagniehollywoodienne Dark Castle, fondée par le réalisateur Robert Zemeckis (Retour versle futur (1985), Forrest Gump (1994)...) et par les producteurs Joe Silveret Gilbert Adler. Destinée à produire régulièrement des uvres d'épouvante aubudget relativement raisonnable, cette firme a d'abord mis sur le marché deux remakes defilms réalisés par William Castle : La maison de l'horreur (1999) de WilliamMalone (pour La nuit de tous les mystères (1958)) et 13 fantômes (2001)de Steve Beck (pour 13 ghosts (1960)). Convaincu par les infrastructures deproduction cinématographique australiennes après y avoir produit Matrix (1999)des frères Wachowski, Silver décida de tourner le film suivant de Dark Castle dans cepays. Ce sera donc Le vaisseau de l'angoisse, à nouveau réalisé par SteveBeck. Cette fois, le film n'a aucun rapport avec les oeuvres de William Castle. En guisede tête d'affiche, il nous est proposé une vedette du cinéma (Gabriel Byrne : Laforteresse noire (1984) de Michael Mann, Usual suspects (1995), La findes temps (1999)...) et une star de la télévision (Julianna Margulies : la sérieTV Urgences, la mini-série Les brumes d'Avalon (2001) d'après lesécrits de Marion Zimmer Bradley...).
Somme toute, Le vaisseau de l'angoisse semble reposer sur un principe assezsimilaire à celui de La maison de l'horreur et de 13 fantômes. Ungroupe d'individus se ballade dans le décor clos et inquiétant d'une site hantée, oùdes évènements horrifiques et surprenants sont susceptibles de se produire. On est enfait très proche du principe du train-fantôme, et cette formule un peu creuse appliquéesur plus d'une heure de métrage peut se montrer laborieuse et lassante, comme on l'avaitconstaté avec l'échec de 13 fantômes. La délocalisation de ce principe sur unnavire perdu en pleine mer renvoie à des films plus anciens, comme Le bateau de lamort (1980) d'Alvin Rakoff (des naufragés se réfugient sur un bateau abandonné,qui s'avère avoir été le navire de tortionnaires nazis) ou Event horizon (1997)de Paul W. S. Anderson (qui appliquait l'idée du vaisseau hanté dans un univers descience-fiction et de voyages intergalactiques). Les références, assez nombreuses,renvoient avant tout à Shining (1980) de Kubrick : fillette mystérieuse,piscine se remplissant d'un flot de sang, vision rétro d'un bal élégant...
On trouve certaines idées horrifiques tout à fait réussies, voire atteignant un degréde gore et de cruauté très élevé pour un film hollywoodien : l'étonnant prologue peutdéjà être considéré comme un moment d'anthologie en la matière, mais il ne doit pasfaire oublier d'autres scènes d'une violence fort explicite. Comme toujours, chez DarkCastle, le travail sur les décors et la photographie est soigné (on se rappelle lesinistre asile de La maison de l'horreur ou la demeure translucide de 13fantômes). Toutefois, cela ne suffit pas à compenser l'absence de personnagesvéritablement intéressants, un casting de comédiens quelconques et une progression durécit chaotique, voire si laborieuse qu'elle peine à capter durablement l'attention duspectateur. La réalisation, qui a parfois tendance à sombrer dans une bruyanteconfusion, achève de provoquer une certaine impression de lassitude.
Il faut pourtant reconnaître que le dénouement est relativement étonnant, et bien plussatisfaisant que celui, par exemple, de 13 fantômes. Introduit par un flash-backtrès réussi (mais, hélas, affligée d'une musique totalement déplacée), cetteconclusion nous révèle l'étonnant fin mot de l'histoire, qui semble enfin fairedécoller Le vaisseau de l'angoisse. Hélas, tout cela se fait dans uneprécipitation et dans une confusion d'autant plus regrettable que la première heure dumétrage a longtemps fait du surplace.
Certes, Le vaisseau fantôme n'est pas dénué d'éléments intéressants (idéeshorrifiques efficaces, dénouement...). On peut pourtant trouver que le résultat est tropinégal pour être vraiment convaincant. La narration chaotique se réduit par moment àune fastidieuse succession d'"effets chocs". Finalement, faute d'une structuresuffisamment solide et de personnages attachants, le spectateur n'est jamaisvéritablement concerné par ce qui se déroule à l'écran, ce qui est tout de même unpeu dommage. Le vaisseau fantôme est sorti pour Halloween 2002 aux USA, où il afait des recettes relativement décevantes, le grand succès de la saison en matièred'épouvante ayant été Le cercle (2002) de Gore Verbinski, remake américain dul'histoire de fantômes japonais Ring (1998).de Hideo Nakata.
Bibliographie consultée :